XVII- Ksour essef
Malgré l'importance des ruines romaine qui gisent encore aux environs de la localité ( thermes, fours....., dans les régions d'almaklouba, faskiyat Naji, Hinchir al-Zarraa), ksour essef , située à cinq km à l'ouest de Salakta, n'est attestée d'une façon certaine qu'à l'époque hafside. Elle ne peut pas aussi correspondre à hadjy, q'al-tidjani place entre Sfax et Mahdia, l'étape du voyageur tunisois nous paraît en effet très courte (
L'appellation est énigmatique; d'après M.hassen elle serait d'origine berbère et signifiait localité (ksour) située au bord d'une rivière, ou encore un village édifié en briques crues. D'après la tradition orale, le site était occupé par l'ensemble de châteaux romains, en ruine, servent de refuge aux éperviers (sâf), qui furent repeuplés au XIème siècle par des membres de l'armée ziride battue par les nomades hilaliens à Haydaran. Cette légende renferme à notre avis un noyau de vérité ; un texte de Kûtab al-surûr atteste en effet que l'aristocratie mahdoise s'adonnait à la chasse à l'épervier dans la région de Salakta et ses environs. Nous savons par d'autres sources que les Ksar du cap-bon furent parfois utilisés à cette fin à l'époque aghlabide. Ainsi, les châteaux fortifiés de Ksour essef seraient à l'origine un ribat aghlabide, transformé en station de chasse à l'époque fatimide. L'insécurité occasionnée par les incursions nomades incita une partie de la population de Salakta à se réfugier prés de ces châteaux fortifiés, ce qui entraina la naissance d'un village vers le XIème – XIIIème siècle. Ce village était en outre une foire fréquentée par les paysans des environs, ce qui incita le sûfi Taher al-Mzughi à venir s'y installer au début de l'époque hafside.
Taher al-Mzughi (m.647H/1249), issu de la tribu berbère de Mzugha, serait le disciple du grand sufi maghrébin Abu Midyan (m.594H/1198). La tradition orale indique qu'il s'installa dans la mosquée Djamaa al-Barrani, fondée en 1185(ou il sera par la suite enterrée), située à la lisière du village. L'emplacement de cet édifice atteste que les limites de la localité, de superficie très réduites, ne dépassaient guère la « rivière » et les rues (A.Boukhris et Ibn Khaldoun). Mais il fort probable aussi qu'on soit en présence d'un urbanisme »éclate » formé de plusieurs Ksar, à l'instar de celui de ribats primitifs. L'abandon définitif de Salakta et d'al Alia au XIIIème siècle, au profit de ksour essef, ainsi que la venue de sufi et ses compagnons, entrainèrent l'extension du Ksar primitif. A la mort de Tahar al Mzughi, il s'articulait autour de la rue fathat hached. Djamaa al-barani et la koubba de sedi Massoud (datant du début de l'ère hafside) se trouvaient désormais au centre de la localité. La grande mosquée, édifiée au XIIIème siècle, au milieu d'une place (rahba), hérita les fonctions d'Al-djamaa al-barrani, selon la tradition orale, la sépulture de sidi Tahar y fut transférée à cette époque. La localité fut doté, en outre, vers le XIVème siècle, d'une enceinte, percée, à l'instar de celle de beaucoup de villes -ribats(Hergla) d'une seul porte: Bâb al-kasr.elle était précédé d'une place rectangulaire, servent de marché, et donnait sur la route de Mahdia.
Durant le XVème et les XVIème siècles, Ksour essef devint un des plus grand centres maraboutiques de l'Ifriqiya. Tout d'abord avec le sufi Abu al-Hassan Ali b.Abi al-Kassem al-Mzughi, plus connu sous le nom de Ali al-mahjoub II (m.957/1550). L'onomastique atteste que la zawiya fondée par le premier était fréquentée par de ascètes venant Maghreb et de l'Andalousie. C'est dans ce nouveau pôle qu'Ahmed ibn Makhloof al-shebbi (m.887H/1482), fondateur de la puissante confrérie des shabbiya, reçut sa formation. Outre son rôle religieux, la zawiya servait des relais aux voyageurs et offrait des repas aux nécessiteux. Ses biens englobaient une grande partie de terres de la région; elle disposait, en outre, de domaines haboussées à lamta, Gafsa et à al-Huawariya au cap-bon.
L'apparition d'une nouvelle porte: Bâb-al-zawiya, atteste que deuxième extension de la localité vers le sud aux XVème -XVIème siècles, l'emplacement de ces ouvertures, ainsi que la cadastre de 1857, confirment que son urbanisme ne connaîtra plus de changement durant l'époque ottomane, malgré son appartenance au « clan » privilégié des Husaynia le grand nombre de murabitun qui l'habitent. Au milieu du XIXème siècle, Ksour essef, dont l'enceinte avait depuis longtemps disparu, comptait une grande mosquée, doté d'un minaret, onze oratoires, une madrassa, un hammam, un souk, une rahba, quarante quatre huileries, quatre moulins dotés de fours (boulangeries) et quatre cents maisons.
Extrait = l'homme et la mer
De néji djelloul
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